4ème dimanche ordinaire

Le texte  Mc 1, 21 – 28 (Les expressions et mots en italique sont plus près de l’original que dans le missel)

   

Jésus et ses disciples,  arrivent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un humain avec un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ?  Je sais fort bien qui tu es : le Saint de Dieu. » Jésus le rabroua : « Sois muselé ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le secoua et sortit de lui en poussant un grand cri. Ils furent terrifiés tous, en sorte qu’ils se demandaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ?  Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité !  Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de Galilée.

 

 

 

L’homélie

Jésus a passé sa jeunesse dans le village de Nazareth. Il y est proche des petites gens et aussi de la nature. Il y a travaillé jusqu’à environ 30 ans. Il a dû aussi y méditer la Bible et observer la manière dont elle était enseignée et vécue. Un jour, il est parti, à l’appel du Baptiste. Il a demandé et reçu le baptême. Ensuite, après un long temps de réflexion au désert, il se met à la recherche de compagnons et s’établit à Capharnaüm. C’est un bourg plutôt peuplé, au nord-ouest du lac de Galilée, le longeant sur près de 800 mètres. Il est situé sur l’importante route qui relie la Méditerranée à Damas. Le commerce y est florissant. Rome y a de fait placé une garnison (1). Aujourd’hui encore, on peut deviner les anciennes fondations de la synagogue datant du 1er siècle. Enfin on voit ici que Jésus fréquente les synagogues, lieux d’enseignement religieux du peuple juif. On voit même qu’un chef de synagogue lui a confié une prédication. C’est de Capharnaüm que Jésus se met à rayonner en Galilée.

L’homme à l’esprit impur était, pensait-on, possédé du démon. Ne voit-il pas en Jésus un ennemi ?  Aujourd’hui, on parlerait d’un malade mental, aux propos incohérents. Comme les Anciens ignoraient les causes d’un tel mal, ils l’attribuaient à de mystérieuses forces mauvaises, à des démons. Aujourd’hui encore, quand une personne se révèle anormalement mauvaise, certains parleront de « possession ». Et pour combattre ce mal, ils feront dès lors appel à un « exorciste » plutôt qu’à un médecin. Aussi pour contrer ce mal étrange, l’autorité de l’Eglise nomme-t-elle dans la plupart des diocèses un ou des prêtres « exorcistes ». Malheureusement, dans ce domaine-là, l’imagination se perd dans toutes sortes d’absurdités maladives. Et alors vivent les excès !  En fait, l’exorcisme est une prière qui demande à Dieu de libérer une personne de son mal.  

Jésus est un homme de son temps et, comme Marc, il a les croyances de son temps. Dès lors, il s’adresse à ce démon comme à une personne. Il lui ordonne de cesser d’aboyer (littéralement !) et de sortir de cet homme. Et, criant une dernière fois, le démon obéit ! L’assistance est pétrifiée. Voilà un prêcheur quasi inconnu qui, d’une simple parole, peut juguler un esprit mauvais. Et cela se passe un jour de sabbat (2) ! Un tel pouvoir les intrigue. Comme les intrigue son enseignement, tout autre que celui des scribes qui se bornaient à répéter ce qu’ils avaient appris. Un bon scribe devait, parait-il, ressembler à un puits étanche, gardant toute son eau et ne se laissant infiltrer par aucune autre. Mais ce que dit Jésus est tellement nouveau ! Il parle d’un Dieu bon, d’un Père. Il rejoint ainsi l’enseignement des prophètes. Ce que l’autorité avait bien oublié, n’insistant plus que sur les obligations rituelles.

Mais pourquoi cet ordre de se taire ? Car même si l’homme est fou et opposé à Jésus, ce qu’il crie est exact ! Jésus n’est-il pas le « saint de Dieu » ? Nous retrouvons ici un thème cher aux synoptiques : le « secret messianique ». Souvent en effet, après une guérison, Jésus recommandait de n’en parler à personne (3), comme s’il redoutait que ses auditeurs ne retiennent de lui que son côté puissant et glorieux. Ne se montrait-il pas  plus fort que Satan ?  Mais  on aurait alors oublié que le Messie de Dieu « devait » être un Messie souffrant. Jésus ne pourra jamais  être vraiment connu qu’après un long chemin de foi. Selon les évangiles, une foi véritable en Jésus exige de l’avoir suivi jusqu’à sa passion et sa mort (4).

                                                                                    

D’où les questions que les gens se posent sur Jésus, sur son enseignement et sur son autorité qui en impose aux esprits impurs. Ce questionnement sur Jésus revient souvent dans les synoptiques. Par son acte de foi à mi-parcours de l’évangile, Pierre y donnera une première réponse : « Tu es le Messie (5) ». Acte  de foi que le centurion complétera en fin d’évangile, au pied de la croix : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu. (6) » 

(1) Matthieu 8, 5 ;

(2)  pratiquer la médecine était  interdit ce jour-là ;

(3) Marc 7, 36 ;

(4) Marc 8, 31 ;

(5) Marc 8, 35 ;

(6) Marc 15, 39.

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