2ème dimanche du temps ordinaire

Le texte          Jean 1, 35 - 42 

L’homélie

« Agneau de Dieu » est une formule étrange, même si nous y sommes habitués par la messe. Remarquons d’emblée que jamais les chrétiens n'ont comparé Jésus à un animal comme le lion, le loup, l’aigle... qui passent pour des animaux puissants et cruels. C’est tout autre chose que de comparer Jésus à un animal qui évoque la faiblesse et la douceur.

L'image de l'agneau vient du Premier Testament. Elle est utilisée notamment à propos du « Serviteur de Yahwéh ». Ce « Serviteur de Yahwéh » viendra un jour, écrit le prophète Isaïe (1), pour libérer l’humanité du péché et du mal. Mais, étrangement, il accomplira cette libération non par la violence des armes mais par la force de la douceur. Il le paiera de sa vie. De ce Serviteur, Isaïe avait écrit : « comme un agneau muet, il sera conduit à l'abattoir». Cela explique pourquoi les évangélistes insistent sur le silence de Jésus durant son procès, au grand étonnement de ses juges. C’est rare un condamné qui ne hurle pas son innocence ! Pour Jean Baptiste, pour nous, Jésus est cet agneau muet conduit à la mort.

Un autre passage du premier Testament évoque encore un agneau : le récit de la libération des Hébreux de l’esclavage en Egypte. Pour qu’ils passent de la mort à la vie, Dieu leur avait en effet ordonné d'immoler un agneau, de, pour se garder de la mort, badigeonner avec son sang les montants de leur porte et de le manger debout, les reins ceints, le bâton à la main, avant de s’enfuir vers la liberté (2). Le sang de cet agneau a aussi permis la libération des Hébreux.

L’expression Agneau de Dieu se réfère à ces deux traditions. Pour Jean Baptiste, Jésus est le nouveau libérateur. Libérateur non d’un peuple mais de l’humanité entière, et lui aussi y arrivera non par la force des armes mais par la persuasion. De fait, tout au long des évangiles, Jésus s’efforcera de libérer les « petits » de l’oppression de leurs chefs religieux. Surtout quand elle se commet « au nom de Dieu ». Il le fera donc en rejetant tout moyen violent.

Et les vendeurs du temple ? Oui, un jour, Jésus a explosé de colère. Mais n’est-ce pas un sentiment humain la colère ? Et les injures de Jésus contre des Juifs ? Comme : « Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites, vous ressemblez à des sépulcres blanchis ! » (3) Oui, mais ces paroles si dures sont dites au pluriel. Jésus en voulait plus à une attitude qu’à des personnes en particulier. Une seule fois, Jésus a injurié une personne précise, Simon Pierre. Le jour, où celui-ci l’a « tenté ». Et pas un peu. Il le poussait à renoncer à sa mission. Jésus l’a alors violemment apostrophé : «Tire-toi, lui a-t-il crié. Passe derrière, Satan ! » (4). Pour comprendre, rappelons que Jésus venait d’accepter intérieurement d’aller jusqu’au bout de sa mission, même si des hommes voulaient l’en empêcher par la violence, par la mort. Et voilà que Pierre lui conseille de laisser tomber !  De, pour se sauver, abandonner donc les « petits » à leur triste sort.

Un dernier mot. A l'invitation de Jean Baptiste, deux de ses disciples se mettent à suivre Jésus. Qui leur dit : « Venez et vous verrez. » C'est-à-dire : si vous m'accompagnez, vous verrez qui je suis : le nouveau serviteur de Yahwéh, le nouvel agneau pascal. Les deux disciples rejoindront Jésus et lui resteront fidèles. Et ce jour-là, ils sont tellement séduits par lui qu’ils se souviendront à jamais de l’heure de cette rencontre, quatre heures de l’après-midi. Le lendemain, ils inviteront deux amis à faire de même. Qui eux aussi seront séduits par Jésus, l'accompagneront et en inviteront d’autres. Et puis d’autres encore, et encore. Cela dure ainsi depuis deux mille ans.

(1) Isaïe 52, 13 – 53, 12.

(2) Exode 12, 1 – 13.

(3) Mt, 23.

(4) Mc 8, 33.

Contactez-nous

N'hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement complémentaire.

Note: vos informations ne sont pas conservées sur le site web et ne seront utilisées que dans le cadre de la réponse à votre demande.

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.

Ok